Alexis Bazin, de l’équipe TSM, en support du skipper Sébastien Destremau sur le Vendée Globe
Alexis Bazin est assistant-ingénieur dans l’équipe TSM du LHEEA. Spécialiste d’un modèle particulier de batteries au Lithium, il a été contacté en urgence par un Skipper du Vendée Globe, Sébastien Destremau, pour l’aider à passer le test d’endurance suite à un premier échec. En effet, son bateau est équipé d’un moteur électrique. Les règles de jauge du Vendée Globe imposent d’être capable de naviguer à 5 nœuds de moyenne pendant 5 heures. Le test d’endurance, permet de s’assurer de cette capacité et est une obligation pour pouvoir prendre le départ. Pour cela, un « jaugeur » du Vendée Globe fait ce test avec le skipper en pleine mer. Alexis a donc été contacté pour comprendre ce qui ne fonctionnait pas sur 2 batteries et tout faire pour que la deuxième tentative soit validée. Alexis nous raconte cette journée et la suite !
le 26 novembre 2020
Pour commencer, quelles sont tes missions au sein de l'équipe TSM ?
Au sein de l'équipe TSM, je m'occupe de la mise en place des acquisitions de données sur les bancs moteurs, conception des boîtiers et logiciel d’acquisition.
Tu as été contacté en urgence mi-octobre par Sébastien Destremau, skippeur du bateau "Merci" au départ du Vendée Globe pour intervenir sur les batteries. Comment as-tu été contacté ? Vous connaissiez vous avant ?
J'ai reçu le premier mail le jeudi 15 octobre, de la part de Marine Gadel, la conjointe de Sébastien Destremeau me disant qu'elle recherchait une batterie (modèle spécifique Valence U27- 12XP) sans me parler du Vendée Globe. Nous échangeons et elle m’explique que c'est pour un bateau du Vendée Globe. Elle cherchait une batterie de remplacement, finalement trouvée en Camargue chez l’installateur des batteries. Je lui réponds en lui disant que je connais très bien ces batteries, je suis souvent sollicité pour aider à leur dépannage, et que si besoin, je peux les aider.
Le vendredi matin, je suis à Centrale, au labo et elle me contacte pour me dire qu’ils n’arrivent pas à régler le problème qu’ils ont sur les batteries mais que le test d’endurance pour pouvoir prendre le départ doit absolument être validé avant 00h. Je lui dis que je peux me libérer dans l'après-midi, que j’ai 2 batteries et du matériel pour faire un équilibrage rapide. À 13h elle m'attend devant mon domicile pour aller aux Sables-d'Olonne !
Comment s'est passé cette folle journée de réparation ?
Nous arrivons vers 14h30 sur le bateau où je rencontre Sébastien qui me donne des explications techniques sur le fonctionnement du système de propulsion électrique.
À la base, ils n’avaient diagnostiqué qu'une seule batterie défectueuse que j'ai remplacée immédiatement, mais lorsque j'ai voulu charger et commencer à équilibrer le reste du pack que je me suis rendu compte qu'une deuxième batterie avait aussi des problèmes de déséquilibre interne. Heureusement j'avais une deuxième batterie, celle-ci était déjà descendue à 0 V ce qui n'est pas bon du tout pour du lithium, mais pas le choix il fallait la remplacer.
Après 2 heures d'optimisation le système était prêt, nous pouvions partir faire le test. D'après mes calculs cela allait être très juste d’avoir les 5h d’autonomie à 5 noeuds. Le test a commencé à 18h41, en mer, avec le jaugeur du Vendée Globe. Je suivais l'état des cellules avec mon ordinateur ainsi que les différents appareils de mesure du bateau. En suivant les directives du jaugeur (changement de cap, d’allure…) nous avons surveillé et évalué pendant 5h l’état des batteries avec une incertitude jusqu’au bout de savoir si cela allait passer ou non…
Environ une heure avant la fin du test je ne pouvais plus lui dire si on allait pouvoir réussir ou pas tout dépendait de la chimie des batteries. Quelques minutes avant la fin du test et je lui ai demandé de s'écarter des rochers, le moteur pouvait s'arrêter d'un moment à l'autre, car la tension des cellules commençait à être critique. Puis j’ai annoncé qu’il fallait tout couper, car nous risquions d'endommager les batteries en les poussant jusqu’à leur limite. Je ne savais pas quelle heure il était, on a regardé le jaugeur et il nous a dit que le test était validé ! Fin du test 23h42, soit 05h01 au lieu des 05h00 nécessaires !
As-tu gardé contact avec le skipper ? Est-ce que tu peux aider à distance en cas de problème sur les batteries ?
Au départ, je ne connaissais Sébastien ni son équipe, je ne savais même pas que le Vendée globe allait réussir à partir cette année ! Mais je connais bien le monde de la mer, car j'ai pas mal navigué avec mes parents, dont une transatlantique en voilier en 2008 : http://liledeal.free.fr/crbst_0.html
Après le test, je suis retourné tous les week-ends sur le bateau pour aider aux derniers préparatifs techniques (installer les caméras sur le mat, les logiciels...). L’ambiance est vraiment sympa, il faut savoir que toutes les personnes qui travaillent sur le bateau sont des bénévoles.
Aujourd’hui, j'ai la possibilité de communiquer avec Sébastien en mer et il me pose régulièrement des questions sur les caméras, la gestion de l'énergie à bord du bateau.
Que retires-tu de cette expérience ?
Je suis fier d'avoir permis à Sébastien de pouvoir partir et que son projet et toutes les personnes qui sont impliquées puissent continuer l’aventure. Cela m’a également permis de découvrir la technologie des bateaux de course et de pouvoir naviguer dessus. Je pense que c'est une expérience que je me souviendrai toute ma vie.
Au sein de l'équipe TSM, je m'occupe de la mise en place des acquisitions de données sur les bancs moteurs, conception des boîtiers et logiciel d’acquisition.
Tu as été contacté en urgence mi-octobre par Sébastien Destremau, skippeur du bateau "Merci" au départ du Vendée Globe pour intervenir sur les batteries. Comment as-tu été contacté ? Vous connaissiez vous avant ?
J'ai reçu le premier mail le jeudi 15 octobre, de la part de Marine Gadel, la conjointe de Sébastien Destremeau me disant qu'elle recherchait une batterie (modèle spécifique Valence U27- 12XP) sans me parler du Vendée Globe. Nous échangeons et elle m’explique que c'est pour un bateau du Vendée Globe. Elle cherchait une batterie de remplacement, finalement trouvée en Camargue chez l’installateur des batteries. Je lui réponds en lui disant que je connais très bien ces batteries, je suis souvent sollicité pour aider à leur dépannage, et que si besoin, je peux les aider.
Le vendredi matin, je suis à Centrale, au labo et elle me contacte pour me dire qu’ils n’arrivent pas à régler le problème qu’ils ont sur les batteries mais que le test d’endurance pour pouvoir prendre le départ doit absolument être validé avant 00h. Je lui dis que je peux me libérer dans l'après-midi, que j’ai 2 batteries et du matériel pour faire un équilibrage rapide. À 13h elle m'attend devant mon domicile pour aller aux Sables-d'Olonne !
Comment s'est passé cette folle journée de réparation ?
Nous arrivons vers 14h30 sur le bateau où je rencontre Sébastien qui me donne des explications techniques sur le fonctionnement du système de propulsion électrique.
À la base, ils n’avaient diagnostiqué qu'une seule batterie défectueuse que j'ai remplacée immédiatement, mais lorsque j'ai voulu charger et commencer à équilibrer le reste du pack que je me suis rendu compte qu'une deuxième batterie avait aussi des problèmes de déséquilibre interne. Heureusement j'avais une deuxième batterie, celle-ci était déjà descendue à 0 V ce qui n'est pas bon du tout pour du lithium, mais pas le choix il fallait la remplacer.
Après 2 heures d'optimisation le système était prêt, nous pouvions partir faire le test. D'après mes calculs cela allait être très juste d’avoir les 5h d’autonomie à 5 noeuds. Le test a commencé à 18h41, en mer, avec le jaugeur du Vendée Globe. Je suivais l'état des cellules avec mon ordinateur ainsi que les différents appareils de mesure du bateau. En suivant les directives du jaugeur (changement de cap, d’allure…) nous avons surveillé et évalué pendant 5h l’état des batteries avec une incertitude jusqu’au bout de savoir si cela allait passer ou non…
Environ une heure avant la fin du test je ne pouvais plus lui dire si on allait pouvoir réussir ou pas tout dépendait de la chimie des batteries. Quelques minutes avant la fin du test et je lui ai demandé de s'écarter des rochers, le moteur pouvait s'arrêter d'un moment à l'autre, car la tension des cellules commençait à être critique. Puis j’ai annoncé qu’il fallait tout couper, car nous risquions d'endommager les batteries en les poussant jusqu’à leur limite. Je ne savais pas quelle heure il était, on a regardé le jaugeur et il nous a dit que le test était validé ! Fin du test 23h42, soit 05h01 au lieu des 05h00 nécessaires !
DÉCOUVREZ LE FILM DE CETTE JOURNÉE DE RÉPARATION
As-tu gardé contact avec le skipper ? Est-ce que tu peux aider à distance en cas de problème sur les batteries ?
Au départ, je ne connaissais Sébastien ni son équipe, je ne savais même pas que le Vendée globe allait réussir à partir cette année ! Mais je connais bien le monde de la mer, car j'ai pas mal navigué avec mes parents, dont une transatlantique en voilier en 2008 : http://liledeal.free.fr/crbst_0.html
Après le test, je suis retourné tous les week-ends sur le bateau pour aider aux derniers préparatifs techniques (installer les caméras sur le mat, les logiciels...). L’ambiance est vraiment sympa, il faut savoir que toutes les personnes qui travaillent sur le bateau sont des bénévoles.
Aujourd’hui, j'ai la possibilité de communiquer avec Sébastien en mer et il me pose régulièrement des questions sur les caméras, la gestion de l'énergie à bord du bateau.
Que retires-tu de cette expérience ?
Je suis fier d'avoir permis à Sébastien de pouvoir partir et que son projet et toutes les personnes qui sont impliquées puissent continuer l’aventure. Cela m’a également permis de découvrir la technologie des bateaux de course et de pouvoir naviguer dessus. Je pense que c'est une expérience que je me souviendrai toute ma vie.